À la ligne - Feuillets d’usine - Joseph Ponthus

Ligne de production, de montage, d’assemblage. De celle qui pose, impose une cadence au même titre que la phrase ou la musique.

Joseph Ponthus s’y cogne avec les yeux grands ouverts : ancien éducateur spécialisé, il découvre les missions intérimaires de nuit dans l’agroalimentaire. L’usine est là, dans ce qu’il recense d’odeurs, de moments solitaires, de stratégies pour passer le temps, s’occuper la tête. Il dit le blanc du gras, du poisson, des néons. Le rouge des carcasses, des mains usées. Il dit aussi les chansons qui font tenir : Trenet, Barbara, Brel, Taulard, Mon dragon… L’absurde des situations comme cette affiche placardée à l’attention des salariés « Moins je porte mieux je me porte » quand les corps, contraints, n’en peuvent plus.

Alors lecteur, on écoute, on regarde, on rit, on combat et avance avec lui.

Un très grand premier roman sur le monde du travail (et plus) à découvrir !

Extrait :

« Quelle poésie trouver dans la machine la cadence et l’abrutissement répétitif .(…) Dans cette nuit sans fin éclairée de néons blafards sur les carreaux blancs des murs les inox des / tables de travail les tapis mécaniques et le sol marronnasse / Dans des animaux morts qu’on travaille à longueur de nuit de matin / Aucun oiseau ne vient jamais par une ouverture dérobée s’introduire dans nos ateliers / Les seuls animaux vivants sont les rats qu’on combat près des poubelles extérieures / Nos gueules sont des portraits d’Otto Dix / Nos corps sont des atlas de troubles musculo-squelettiques / Nos joies sont de petits riens / Des bouts d’insignifiance qui prennent sens et beauté dans le grand tout le grand rien de l’usine ».

éditions la Table Ronde

Présentation du livre par l’auteur :

https://www.youtube.com/watch?v=4mjbmUZjcoo

Aurélie