Hérétiques - Leonardo Padura

À Cuba, en 1939, Daniel, enfant juif, attend le bateau qui lui amènera ses parents et sa sœur. Des accords laissent partir d'Europe des bateaux de réfugiés qui sillonnent les mers à la recherche d'un improbable havre.

Les parents n'accosteront pas. Daniel va grandir à Cuba auprès de son oncle, comme un vrai cubain, soucieux de se défaire de sa douloureuse identité juive.

Bien des années plus tard, son fils Elias revient de Miami pour charger l'ex flic Condé de l'aider à reconstituer l'histoire d'un tableau, un Rembrandt sauvé, volé, disparu, et réapparu dans une salle de ventes.

Le roman de Padura, auteur né à la Havane, mêle l'histoire de la famille Kaminsky à celle des pogroms, de l'extermination des juifs d'Europe, de l'exil, de Cuba.

On peut aussi le comprendre, et le titre nous y invite, comme une éternelle exigence de liberté. Les juifs séfarades chassés d'Espagne, réfugiés dans la libérale Amsterdam, excommunient Spinoza et chassent le jeune disciple de Rembrandt de leur rangs: la peinture de visages humains est interdite par le dogme. Daniel tente d'échapper à une identité juive mortifère mais ne peut se  défaire de ses parents massacrés à Auschwitz. De jeunes cubains tentent de fuir, à travers drogues et automutilation, le désespoir où les enferment  la dictature et la corruption, vrais visages actuels de la révolution castriste.

Il en coûte de vouloir échapper aux dogmes, religieux ou politiques. Pourquoi les humains doivent-ils toujours enfermer dans des carcans d'oppression leurs plus beaux idéaux de spiritualité et d'émancipation? Et quel sens donner à toutes ces errances? Et Dieu dans tout ça?

Danielle