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21 juin 2013

Les fables de l’Humpur – Pierre Bordage

Une société féodale, un langage archaïque, le bois, la pierre et la religion omniprésents : c’est une France bien différente que l’on découvre dans ce roman de Pierre Bordage, une France non pas ancienne, mais bien future, peuplée de créatures mi-hommes, mi-animaux. Ceux-ci vivent en communautés, séparés par leur « race » bien plus que par leur culture, qui régresse de génération en génération. Déjà certains grognes naissent avec deux phalanges, les mêles perdent le langage et les glousses tuent et servent leurs propres petits, alors même que les prédateurs, hurles, grognes, siffles, vivent dans des palais et prélèvent un tribut en nature chez leurs vassaux herbivores. C’est à cette vie régie par l’instinct et dédiée à la survie du clan que veut échapper Véhir, un grogne qui semble, dans l’esprit, bien moins animal que ses congénères. Non qu’il soit particulièrement intelligent ; mais il est profondément insatisfait, incapable de trouver sa place parmi les autres « pue-la-merde » de son village, qu’il laissera bien vite derrière lui.

Comme on s’en doute, c’est le voyage initiatique de Véhir que l’on va suivre, un voyage qui lui fera rencontrer bien des personnages, ennemis redoutables, alliés improbables, pour au final percer le mystère de la disparition des dieux humains… Si l’angle SF du roman est assez vite expédié et, en conséquence, moyennement convaincant, la société dépeinte par Bordage passionne. On y retrouve quelque chose des fabliaux du Moyen-Age, et une langue à la dégénérescence travaillée. Certains termes ne s’éclairent d’ailleurs que tardivement. On y retrouve également l’amour, qui doit ici vaincre des tabous bien plus puissants que les nôtres.

Si la réflexion sur l’avenir de l’humain est classique et peu poussée, je ne peux m’empêcher d’être fascinée par le paradoxe auquel l’intrigue donne lieu : si les kroaz et leurs alliés s’efforcent d’accélérer le retour de l’animalité, ils finissent par échouer à cause de leurs tares d’humains, orgueilleux et individualistes. Pour autant, Véhir exclut d’essayer de redevenir les « dieux », détruits par les mêmes défauts et tombés sous les griffes de leurs créatures. Alors, quelle voie choisir ? « La question reste posée. A la fin, la réponse m’importe peu. »

 

Delphine

 

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