Le siècle des nuages de Philippe Forest (Gallimard)

Un siècle, le 20^ème, le siècle de l’aviation. Un héros, le père du narrateur, qui a transformé son rêve d’enfant en carrière de commandant de bord.

A travers l’histoire du père, l’histoire de l’aviation. Et l’histoire du siècle. Tout s’entremêle.

Le récit s’adresse au père disparu né au début du siècle, dont la destinée se décide à Mâcon au début des années 30, là où les hydravions d’une compagnie américaine venaient déposer leurs passagers de luxe. Un accident mystérieux et inoubliable, une vocation irrévocable.

Le récit suit les va et vient de la mémoire et s’interroge sur ses caprices et ses incertitudes. A travers quelles traces incertaines peut-on rendre compte de ce passé pris entre l’histoire et la légende ? Les pionniers, Blériot et la traversée de la Manche pour couronner la folle entreprise de décoller du sol, le rêve d’Icare. La machine à relier les hommes, à travers l’épopée de l’Aéropostale, devenue machine de mort qui décide de la conduite et de l’issue des guerres. La progression inouïe des techniques. Des noms mythiques : Lindbergh, Mermoz, Saint Exupéry. Des destins tragiques…

Et l’histoire familiale. Pour son père et sa mère des fiançailles interminables, un mariage à distance, l’attente, un père « courant d’air » et une fidélité à toute épreuve. Des enfants, dont l’auteur, peu désireux de relever le défi aérien; le drame de l’enfant mort, l’enfant unique pour qui l’auteur avait écrit L’enfant éternel en 1997. La petite fille du héros, la fille de l’auteur.

L’auteur, universitaire, écrivain, confus de ne pas être à la hauteur du fol espoir, de la folle obstination qui avait conduit son père à faire se rencontrer un rêve d’enfant et l’apogée d’un défi technique et humain inouï.

Un bel hommage d’amour d’un fils à son père. Un récit passionnant  de l’histoire  terrible du 20^ème siècle.

Danièle