Le musée de l'innocence - Ohran Pamuk - 2006
Le romancier Orhan Pamuk, un personnage du roman, est l’écrivain choisi par Kemal pour raconter à la première personne la folle passion amoureuse à l’origine du musée qu’il nous fait visiter. Nous sommes à Istanbul, dans les années 70.
Par-delà ce jeu de cache- cache entre auteur et narrateur, nous suivons donc la passion incroyable d’un riche fils de famille pour une jeune beauté, lointaine cousine de la branche pauvre de la famille. Ce qu’il appelle sa maladie va très vite parasiter sa vie, détruire les fiançailles où il s’était engagé, paralyser ses affaires professionnelles, l’isoler de ses amis et joyeux compagnons de fête, et se heurter aux rigidités des mœurs et du qu’en dira-t-on.
J’avoue que ces 660 pages ont commencé par éprouver ma patience. Sujet mince à première vue. Sauf que très vite l’exploration minutieuse et obsessionnelle d’états d’âme alambiqués s’accompagne d’un extraordinaire voyage dans les méandres de la société turque et son évolution. Nous passons des lieux de plaisir aux immeubles cossus, des quartiers miséreux aux résidences de villégiature et somptueux restaurants des rives du Bosphore, des paysannes voilées aux starlettes prêtes à tout pour percer, des austères islamistes aux extravagantes réceptions du Hilton, dans un pays partagé entre rêve d’Europe et nationalisme ombrageux.
Rien n’est simple, et le romancier, prix Nobel de littérature 2006, poursuit à travers les (més-) aventures de ses héros l’exploration amoureuse et impitoyable de son pays.
Danielle