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Biblioblog de La Mulatière
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21 mars 2012

Vie et destin - Vassili Grossman. 1960-1980

Cet ouvrage a été écrit au cours des années 50. Terminé et « saisi » en 1960 en Union soviétique, il a failli disparaitre. Il a pu être publié en 1980 à l’extérieur de l’Union soviétique, où l’une des copies avait pu parvenir.

Ce livre devait disparaitre, pourtant Grossman était un écrivain reconnu et avait, en tant que journaliste, suivi l’armée rouge autour de la bataille de Stalingrad, décisive dans la victoire sur le nazisme.

Dans ce roman-fleuve, digne de la grande littérature russe, l’auteur suit une famille déjà présentée dans « Pour une juste cause ». A Stalingrad avec l’armée, en Ukraine sous le joug nazi, à Kazan où s’est réfugiée la communauté scientifique, mais aussi dans le camp de la mort de Treblinka où dans le Goulag sibérien, nous suivons des soldats, des bureaucrates, un savant, des épouses, des victimes et des bourreaux, des héros, des opportunistes, des êtres tour à tour héroïques et broyés par un système impitoyable et une guerre sans merci.

Un des premiers écrivains de la dissidence montre, à travers l’enchevêtrement des situations, les similitudes des deux totalitarismes. C’est pourquoi ce livre ne pouvait paraitre à une époque où, grâce à la victoire et à l’héroïsme de ses soldats et de sa population, Staline allait refermer un rideau glacé sur son pays et les pays libérés. Le passé, les purges et les procès de 37, l’élimination des koulaks et la famine organisée en Ukraine, la montée du nationalisme, de l’antisémitisme, l’arbitraire, les dénonciations, les disparitions, la torture dans la sinistre Loubianka.

Le tout dans cet hiver 42, dans le froid et la faim, autour de ce combat titanesque entre l’Armée rouge et les troupes nazies, entre ces deux géants qui pour asseoir leur pouvoir devaient écraser les peuples et les individus avec des méthodes qui se ressemblent beaucoup. Hommage au peuple russe et dénonciation sans appel de ce régime qui dévorait ses enfants.

Grossman a été un pionnier, il est mort en 1964 en pensant que son magistral manuscrit était détruit à jamais.

Danielle

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